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Suivi mondial des émissions de méthane (Rapport 2025)

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Le secteur des combustibles fossiles est aujourd’hui responsable de près d’un tiers des émissions de méthane issues de l’activité humaine. La production record de pétrole, de gaz et de charbon, combinée à des efforts d’atténuation limités, a maintenu les émissions au-dessus de 120 millions de tonnes (Mt) par an. Les puits et mines abandonnés – inclus pour la première fois dans le Global Methane Tracker de cette année – ont contribué à hauteur d’environ 8 Mt à ces émissions en 2024. La production et la consommation de bioénergie génèrent 20 Mt supplémentaires de méthane, provenant en grande partie de la combustion incomplète de la biomasse traditionnelle utilisée pour la cuisson et le chauffage dans les économies en développement.

Les secteurs de l’agriculture et des déchets sont également des sources importantes d’émissions de méthane, mais l’approvisionnement en combustibles fossiles offre le plus grand potentiel de réduction immédiate de ces émissions. Des solutions permettant de réduire les émissions de méthane issues des combustibles fossiles à un niveau proche de zéro existent déjà et pourraient être déployées dès aujourd’hui à un coût faible, voire négatif. Nous estimons qu’environ 5 % de la production mondiale de pétrole et de gaz respecte actuellement une norme d’émissions quasi nulles (près de 3 millions de barils par jour de pétrole et 130 milliards de mètres cubes de gaz naturel). De nombreux acteurs se sont fixé des objectifs de réduction des émissions de méthane d’ici 2030, et la dynamique en faveur de cette réduction s’est intensifiée depuis le lancement de l’Engagement mondial pour le méthane en 2021 et de la Charte de décarbonation du pétrole et du gaz en 2023. Pourtant, jusqu’à présent, peu de pays ou d’entreprises ont formulé de véritables plans de mise en œuvre de ces engagements, et encore moins ont démontré des réductions d’émissions vérifiables.

Dans la plupart des régions du monde, les données mesurées sont peu ou pas utilisées pour déclarer les émissions de méthane. Il s’agit d’un problème majeur, car les émissions mesurées  ont tendance à être supérieures  aux émissions déclarées. Nos estimations reposent sur les données les plus récentes et les plus fiables disponibles, notamment des études scientifiques, des campagnes de mesure et des événements d’émissions importants détectés par satellite. À mesure que davantage de données mesurées deviennent disponibles, il apparaît que la plupart des inventaires nationaux sous-déclarent les émissions : notre estimation des émissions totales de méthane liées à l’énergie à l’échelle mondiale est supérieure d’environ 80 % au total déclaré par les pays à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Cet écart est le plus faible en Europe, où les pays soumettent régulièrement des inventaires et où certains producteurs déclarent leurs émissions sur la base de données mesurées.

Si les données et estimations existantes peuvent servir de base aux mesures visant à réduire les émissions de méthane, l’amélioration des données permettra une allocation plus efficace des ressources et une meilleure confiance dans les efforts de réduction des émissions.

De nombreux pays et entreprises cherchent à améliorer leurs rapports sur le méthane. Le Canada a récemment mis à jour sa méthodologie afin de tenir compte de l’amélioration des données, ce qui a entraîné une augmentation de plus de 35 % du volume des émissions fugitives déclarées provenant du pétrole et du gaz. En 2024, certaines sociétés pétrolières et gazières ont atteint le niveau de déclaration le plus élevé établi par le Partenariat sur le méthane et le pétrole 2.0 (OGMP 2.0) du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Environ 10 % des émissions déclarées à l’OGMP 2.0 sont désormais basées sur la catégorie de déclaration de données la plus stricte, notamment les émissions de ConocoPhillips, GRTGaz, Jonah, Snam et TotalEnergies.

Depuis la première version du Global Methane Tracker en 2020, la disponibilité croissante des études de mesure et des données satellitaires a réduit l’incertitude de nos estimations dans toutes les régions. Cependant, d’importantes lacunes subsistent dans les données, notamment dans les régions du monde où les satellites peinent à recueillir des données utiles – comme au Venezuela, où la couverture nuageuse entrave les observations, et dans le nord de la Fédération de Russie (ci-après « Russie »), où la neige et la glace rendent difficile l’observation des fuites de méthane.

Des procédures et systèmes robustes de mesure, de surveillance, de déclaration et de vérification (MMRV) sont essentiels pour faciliter et suivre la réduction des émissions. Cependant, il existe des politiques éprouvées qui ont démontré leur efficacité pour réduire les émissions de méthane et qui peuvent être mises en œuvre à mesure que la qualité des données s’améliore. Parmi celles-ci figurent les exigences de détection et de réparation des fuites (LDAR), l’obligation d’utiliser des équipements à émissions nulles ou faibles, et la restriction du torchage et de la ventilation de routine. 

Environ 70 % des émissions de méthane du secteur des combustibles fossiles pourraient être évitées grâce aux technologies existantes, souvent à faible coût.

Dans le secteur pétrolier et gazier, les solutions de réduction des émissions comprennent la modernisation des équipements conçus pour émettre, comme le remplacement des joints humides des compresseurs par des joints secs, et l’utilisation d’unités de récupération des vapeurs pour récupérer les flux de méthane à basse pression. Pour le charbon, les émissions pourraient être réduites grâce à l’utilisation du méthane des mines de charbon, ou par le recours à des technologies de torchage ou d’oxydation.

Environ 35 Mt d’émissions totales de méthane provenant du pétrole, du gaz et du charbon pourraient être évitées sans coût net, sur la base des prix moyens de l’énergie en 2024 (en légère baisse par rapport à notre estimation de 2023, principalement due à la baisse des prix du gaz et à l’ajout d’installations abandonnées à nos estimations). En effet, les dépenses nécessaires aux mesures de réduction sont inférieures à la valeur marchande du méthane supplémentaire capté et vendu ou utilisé.

En 2024, nous avons publié le modèle de réduction du méthane de l’AIE , qui permet aux utilisateurs d’estimer le potentiel de réduction du méthane du pétrole et du gaz et le coût associé de la réduction par pays, segment et technologie de réduction.

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