E=mc2 et le nouveau petit pas de géant pour la fusion nucléaire
192 lasers pointés sur une pastille de combustible d’un millimètre pendant quelques fractions de seconde ont permis de dégager 1,5 fois plus d’énergie que l’opération en a coûté. Ou presque. Un nouveau petit pas de géant pour la fusion nucléaire.
La science, difficile à comprendre? Dans le futuriste laboratoire Lawrence Livermore, en Californie, les chercheurs sont parvenus, avec 192 lasers pointés sur une capsule en or d’un millimètre contenant du combustible (un mélange amélioré de deutérium et de tritium) pendant quelques milliardièmes de secondes, à atteindre 100 fois la chaleur du soleil et, surtout, à produire plus d’énergie que cela a coûté pour y parvenir. 3,15 millions de joules pour un «investissement» de 2,05 millions de joules – l’énergie qui permet de faire fonctionner un sèche-cheveux pendant un quart d’heure.
Ce gain de 1,5 est deux fois plus élevé que le dernier record, mais il est supérieur à 1 pour la première fois de l’Histoire. Autrement dit, avec une quantité d’énergie, on pourrait en produire beaucoup plus, ce qui ouvre la voie à une révolution de la question de la fourniture d’énergie.
Après 60 ans de recherche sur cette fusion nucléaire, c’est la réaffirmation du célèbre E=mc2 d’Albert Einstein, où E est la quantité d’énergie, m la masse de combustible et c la vitesse de la lumière.
Derrière les satisfecits unanimes des scientifiques de toute la planète et des hommes politiques américains qui ont aussitôt appelé à mieux financer le laboratoire restent pourtant bien des étapes à franchir.
Des lasers 50 fois plus puissants
D’abord, l’équipe du laboratoire espérait que cette réussite du 5 décembre aurait laissé le matériel en assez bon état pour mesurer plus précisément le phénomène. Ensuite, explique Carolyn Kuranz, professeur agrégé de génie nucléaire à l’Université du Michigan, qui a travaillé à ce record, il a en réalité fallu 300 millions de joules pour fabriquer les lasers. Le type de laser de l’expérience est 50 fois plus puissant que le laser le plus puissant sur Terre. Enfin, si le deutérium se trouve en grande quantité dans les océans, le tritium est plutôt rare.
Autant de points sur lesquels vont se pencher les scientifiques pour continuer à faire progresser la technologie avant d’espérer un jour l’utiliser pour abandonner les énergies fossiles.