Mauritanie : GreenGo Energy propose un projet de parc d’énergie verte de 190TWh
Les ressources renouvelables de la Mauritanie ainsi que les vastes étendues de terres disponibles, en font un producteur potentiellement compétitif d’hydrogène vert, une énergie dont la demande augmentera considérablement dans le futur.
GreenGo Energy a annoncé le 27 novembre avoir déposé une demande auprès du ministère du Pétrole, de l’Énergie et des Mines de Mauritanie pour le développement de l’un des plus grands parcs d’énergie verte au monde.
Grâce à son architecture unique et à son emplacement stratégique à proximité de la capitale, le projet Megaton Moon devrait offrir à la Mauritanie un véritable potentiel de transformation en termes de développement socio-économique, industriel, agricole et urbain, selon le Groupe.
Megaton Moon est en effet prévu pour atteindre 60GW/190TWh de production hybride solaire et éolienne avec 35 GW d’électrolyse produisant 4 millions de tonnes d’hydrogène vert par an ou 18 millions de tonnes d’ammoniac vert traité ultérieurement.
« La crise climatique est réelle. Nous devons agir immédiatement pour atteindre les engagements de Paris et NetZero. Mais nous devons aussi agir à grande échelle et avec impact ! Megaton Moon incarne l’action climatique avec l’ambition de fournir 1 % de la demande mondiale totale d’hydrogène vert d’ici 2050 pour atteindre NetZero. Il nous suffit donc d’une centaine de projets à cette échelle pour achever et distribuer des carburants verts dans le monde entier d’ici à 2050. C’est faisable », a déclaré Karsten Nielsen, PDG de GreenGo Energy.
La semaine du 20 novembre, le ministère du Pétrole a présenté, à une délégation de GreenGO, l’état d’avancement de la loi sur l’hydrogène vert qui devrait être approuvée au cours du premier trimestre 2024.
La Mauritanie dispose de ressources éoliennes et solaires de grande qualité dont le développement à grande échelle pourrait avoir un effet catalyseur en aidant le pays à fournir un accès universel à l’électricité à ses citoyens et à réaliser sa vision d’un développement économique durable. C’est ce qui ressort du premier rapport de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) entièrement dédié au pays.
Selon le rapport, le déploiement des énergies renouvelables profiterait à bien des égards au pays. D’abord à son secteur minier qui contribue à environ 25 % de ses recettes budgétaires, selon le rapport ITIE 2022 et qui dépend actuellement du diesel et du fioul lourd pour ses opérations. Les énergies propres, notamment le solaire décentralisé, renforceraient également l’électrification, en particulier dans les zones rurales. Elles offrent enfin au pays un potentiel important de production d’hydrogène vert qui attire déjà les grands groupes énergétiques et les investisseurs.
Mais si tous les indicateurs montrent que le renouvelable serait très avantageux pour la Mauritanie, son développement dans le pays reste limité. L’économie mauritanienne est encore très largement dépendante du fossile et la capacité énergétique du pays est relativement faible malgré le potentiel avéré.
L’Offre et la Demande d’Energie en Mauritanie
En 2021, l’offre totale d’énergie en Mauritanie s’élevait à 80 PJ, soit environ 17 GJ par habitant, selon le rapport de l’AIE. L’approvisionnement énergétique du pays provient presque entièrement du pétrole importé et de la biomasse locale traditionnelle, à savoir le bois de chauffage et charbon de bois. Les activités de transport et d’exploitation minière du pays dépendent du pétrole, qui est également la principale source d’énergie pour la production d’électricité.
La consommation finale totale (CFT) était de 54 PJ, soit près de 13 GJ par habitant. Les transports représentaient près de la moitié de la CFT, suivis par les bâtiments résidentiels (35 %) et l’industrie (11 %). Les autres utilisations telles que l’agriculture, la pêche et les services représentaient 8 %.
Bien que la consommation finale totale (TFC) du pays ait été multipliée par deux et demi environ depuis 2000, la consommation par habitant reste très faible en comparaison internationale, puisque la TFC moyenne mondiale par habitant (54 GJ) est quatre fois plus élevée qu’en Mauritanie, et que la consommation d’électricité par habitant (environ 34 500 kWh) est presque dix fois plus élevée.
En 2021, toujours selon l’AIE, les émissions de CO2 s’élevaient à 4,3 Mt, soit environ 0,01 % du total des émissions mondiales. Les émissions par habitant atteignent presque 1 t, soit à peu près la moyenne africaine (0,9 t), mais seulement un quart de la moyenne mondiale.
Enfin, il faut noter qu’au-delà de leur coût climatique, les produits pétroliers importés par la Mauritanie représentent un coût financier très élevé. En 2019, le pays a dépensé environ 987 millions de dollars pour ses importations de pétrole, selon le rapport « Du sable au gaz, puis au vert ? Perspectives des secteurs du gaz et de l’hydrogène vert en Mauritanie » de CrossBoundary, soit environ 10 % de son PIB actuel.
La production électrique et l’accès à l’électricité
Selon les données de la Banque Mondiale, environ 48 % de la population mauritanienne avait accès à l’électricité en 2021. Selon la Société Mauritanienne d’Électricité (SOMELEC), la répartition à fin décembre 2022, entre les diverses sources de production, se présente comme suit : avec 25 % comme apport hydroélectrique des ouvrages de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS) ; 61 % provenant du parc thermique propre de la SOMELEC ; 6,82 % de centrales éoliennes et 7,21 % de centrales solaires.
L’énergie issue des ouvrages hydroélectriques de l’OMVS alimente directement les principales villes Mauritaniennes situées sur la vallée du fleuve Sénégal. Globalement, la part des énergies renouvelables éoliennes et solaires, a atteint 14 % de la production totale en 2022 et la puissance installée globale du parc national de la SOMELEC composé de 60 unités de production, s’élève à 490 MW.
Il faut également noter que le pays commencera à produire du gaz naturel au premier trimestre 2024, prévoit d’ajouter plusieurs centaines de mégawatts de capacité alimentée par du gaz produit localement d’ici 2030, et de passer du pétrole au gaz pour la centrale de Nouakchott de 180 MW, la plus importante de son parc.
Les énergies renouvelables au service de l’exploitation minière
Les opérations minières sont gourmandes en énergie et dépendent principalement des combustibles fossiles. En 2021, le secteur minier mondial a produit 4 à 7 % des émissions de CO₂, selon l’AIE. Les combustibles sont principalement utilisés pour faire fonctionner les camions de transport, les foreuses, les excavateurs et les chargeurs, tandis que le broyage des matériaux extraits est le principal consommateur d’électricité.
En Mauritanie, toutes les mines sont à ciel ouvert, situées en dehors des zones peuplées et loin du réseau électrique. L’extraction s’appuie sur des générateurs diesel et HFO hors réseau, ainsi que sur des machines et des camions fonctionnant au diesel pour les opérations et le transport. Selon l’Office national des statistiques de Mauritanie, cité par l’AIE, la SNIM a consommé 65 Mt de mazout en 2016 pour l’exploitation minière.
Dans ce contexte, l’amélioration de l’efficacité énergétique dans les opérations minières peut réduire la consommation d’énergie, les coûts globaux et les émissions de CO₂. L’efficacité énergétique peut être améliorée tout au long de la chaîne de valeur minière, grâce à une meilleure gestion de la demande d’électricité, à l’utilisation de la chaleur résiduelle et à l’amélioration de l’analyse des données.
L’AIE indique dans son rapport que certaines améliorations de l’efficacité énergétique ont déjà été mises en œuvre à la mine d’or de Tasiast, où le réaménagement des routes minières a permis de réduire la longueur des transports, de diminuer la consommation de carburant diesel et de réduire les émissions annuelles de CO₂ de 10 000 tonnes.
Il est possible de réduire davantage les émissions en adoptant des sources d’énergie renouvelable. Environ 40 % du carburant consommé par les industries extractives en Mauritanie sert à produire de l’électricité pour des processus tels que le concassage, le broyage, la filtration et le pompage. Ces utilisations peuvent être directement alimentées par des éoliennes et des centrales solaires photovoltaïques au lieu de générateurs diesel.
Le rapport de l’AIE indique en outre que les prix de référence des projets d’électricité renouvelable récemment attribués dans des endroits où l’irradiation solaire et la vitesse du vent sont similaires à celles de la Mauritanie ont été de l’ordre de 15-38 USD/MWh pour le solaire photovoltaïque à grande échelle. Cela suggèrerait que le coût de l’électricité renouvelable en Mauritanie est déjà bien inférieur au coût estimé de la production d’électricité à partir de diesel (80-110 USD/MWh) et permettrait ainsi de réaliser des économies significatives dans le secteur minier.
Possibilités d’exportation des énergies renouvelables
Les ressources renouvelables abondantes et de haute qualité de la Mauritanie ainsi que les vastes étendues de terres disponibles pour le développement de projets, en font un producteur potentiellement compétitif d’hydrogène vert, une énergie dont la demande augmentera considérablement dans le futur.
Les exportations à grande échelle de produits à base d’hydrogène peuvent ainsi créer de nouvelles sources de revenus à faibles émissions et donner le coup d’envoi à d’autres développements positifs tels que la diversification économique, l’amélioration de l’accès à l’énergie et le renforcement de la sécurité énergétique.
En s’assurant de la participation étrangère, ces projets pourraient fournir les flux de revenus stables nécessaires pour mobiliser les investisseurs à l’échelle requise et permettre au gouvernement mauritanien de tirer parti des flux de devises fortes pour accélérer le développement économique durable.
Le rapport de l’AIE identifie donc plusieurs voies possibles pour développer le potentiel de la Mauritanie en matière d’énergies renouvelables, parmi lesquelles : expédier l’ammoniac vers les marchés mondiaux ; exporter du fer réduit à l’hydrogène vers l’Europe ; acheminement de l’hydrogène par gazoduc vers l’Europe, entre autres possibilités.