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L’Iran va t-il accélerer le développement du champ gazier South Pars/North Dome

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La stratégie GNL ambitieuse du Qatar va forcer l’Iran d’accélérer le développement du champ South Pars/North Dome. Téhéran veut récolter les fruits de l’importance stratégique des exportations de gaz, mais il doit se dépêcher de faire face à la concurrence de Doha, qui exploite le même gaz.

Iran National Iran Oil Co., société d’État, vient d’annoncer un vaste projet de développement sur quatre ans visant à augmenter la production de gaz du champ South Pars/North Dome de plus de 2 500 milliards de m3 de gaz et de 2 milliards de barils de condensats dans un avenir proche. Cette annonce s’accompagne de la signature de quatre contrats avec des entrepreneurs iraniens, dont certains sont directement au service des gardiens de la révolution iraniens, pour la construction de 28 plateformes géantes et de 56 compresseurs nécessaires à l’augmentation de la production de South Pars. Plus de 70 % du gaz iranien actuel provient de South Pars et le champ est absolument essentiel pour fournir suffisamment de ressources pour l’approvisionnement du marché intérieur iranien et les ambitions d’exportation de l’Iran.

Le ministre iranien du pétrole, Javad Owji, lie la prochaine phase de développement du champ à la concurrence avec le Qatar pour l’extraction des ressources du champ partagé de South Pars/North Dome : “La production dans les champs partagés, qu’il s’agisse de pétrole ou de gaz, ne doit pas être retardée, même pour une minute”, et l’Iran doit donc accélérer les opérations en amont. Environ un tiers de ce champ se trouve à l’intérieur des frontières iraniennes, tandis que le reste appartient au Qatar, qui a développé une stratégie de plusieurs décennies pour augmenter la production de gaz et les capacités de liquéfaction afin d’exporter du GNL vers les marchés mondiaux. Récemment, le Qatar a annoncé un nouveau plan d’investissement impressionnant visant à porter la production à 142 mt/an, contre 77 mt/an actuellement, d’ici à 2030. Cela signifie que les exportations de GNL augmenteront d’environ 85 % en l’espace de quelques années seulement, que les revenus des exportations de gaz augmenteront et que la diplomatie énergétique permettra d’étendre la portée de la politique étrangère du Qatar dans le monde.

Le Qatar souhaite également concurrencer les USA pour la première place en termes de capacité de GNL, l’administration Biden ayant décidé de suspendre l’approbation de nouveaux terminaux d’exportation de GNL. Aujourd’hui, avec l’annonce de l’Iran, la production de gaz dans le golfe Persique est devenue un sujet de préoccupation internationale, également en raison de la situation qui se développe dans le détroit d’Ormuz.

Selon les responsables de la NIOC, les projets de GNL du Qatar risquent de pousser le gaz à migrer du côté iranien, où la pression diminue depuis des années, vers le côté qatari, laissant Téhéran avec moins de ressources à exploiter. Le Qatar est un acteur diplomatique régional clé, qui fait pression sur les États-Unis et l’Iran pour qu’ils engagent des pourparlers et évitent l’escalade. Au lieu de cela, l’Iran et ses mandataires sont profondément impliqués dans la guerre entre Tsahal et le Hamas et dans la perturbation de la diplomatie régionale. Le gaz pourrait-il devenir une source de tensions ?

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