ActualitéEnvironnement

COP28 : UN PREMIER SIGNAL FORT AVEC UN ACCORD SURPRISE SUR LES PERTES ET DOMMAGES

Partager ce contenu

Ce qui ne devait être qu’une simple formalité en ce premier jour de COP28 s’est transformé en signal fort. Ajoutée à la dernière minute à l’ordre du jour de la session plénière, la concrétisation du fonds sur les pertes et dommages a été adopté par les États. Ce fonds qui doit aider les pays les plus vulnérables à affronter les dégâts irréversibles du changement climatique doit être opérationnel dans l’année à venir. Une victoire pour les pays du Sud qui le réclamaient depuis trente ans.

 Demandée depuis trente ans, encore inespérée il y a un an, la création d’un nouveau fonds pour financer les pertes et dommages, c’est-à-dire les dégâts irréversibles liés au changement climatique, a officiellement été adopté en ouverture de la COP28 de Dubaï. Une surprise du président Sultan al-Jaber, qui a décidé à la dernière minute d’inclure le dossier à l’ordre du jour de la session plénière d’ouverture jeudi 30 novembre.

Les États ont ainsi adopté les principes essentiels de fonctionnement de ce fonds, qui sera hébergé pour une période temporaire de quatre ans au sein de la Banque mondiale, et qui doit être opérationnel dans l’année qui vient. “Ce qu’il s’est passé est complètement inattendu, poursuit Fanny Petitbon. Les risques de rouvrir le dossier étaient grands puisqu’on aurait pu l’affaiblir ou même ne pas avoir d’accord du tout. Finalement, on a un texte qui ne convient à personne, ce qui est plutôt un bon signe. C’est un signal fort pour lancer cette COP qui en a besoin pour asseoir sa légitimité.”

Un plancher pour les petites îles et les pays les moins avancés

Concrètement, ce fonds, dont l’idée avait été lancé à la COP27, va permettre d’aider les pays les plus vulnérables à faire face aux dégâts économiques et non-économiques (décès, déplacements, relocalisation de population, pertes de cultures et d’héritage…) liés au changement climatique, qu’il s’agisse d’événements à occurrence lente comme les sécheresses ou extrêmes comme les cyclones ou les inondations. “Nous avons écrit aujourd’hui une page d’histoire”, s’est réjoui Sultan Al-Jaber. “Je félicite les parties pour cette décision historique. C’est un signal positif pour le monde et pour notre travail (…) La rapidité avec laquelle nous l’avons fait est inédite, phénoménale et historique”, a-t-il déclaré.

Le secrétariat devra préciser quels pays précisément pourront en bénéficier, mais il est acté qu’il y aura une part minimum du fonds pour les États insulaires et les pays les moins avancés. La question se posait pour des pays comme le Pakistan, la Lybie ou les Philippines qui ne rentrent pas dans ces catégories. Ils devraient pouvoir bénéficier du fonds si un certain pourcentage de leur PIB a été impacté. Si l’on y voit un peu plus clair sur les bénéficiaires, le plus grand flou persiste du côté des contributeurs. Les pays développés sont exhortés à y participer sans obligation. Ils appellent les pays à fortes émissions comme la Chine et les États du Golfe à contribuer aussi. Mais ceci n’est qu’un encouragement, pas une obligation.

Sortie des énergies fossiles

Aucun objectif non plus financier pour ce nouveau fonds. Mais pour montrer leur bonne foi, les Émirats arabes unis ont dans la foulée promis 100 millions de dollars. Le Royaume-Uni a aussi promis 50 millions de dollars, les États-Unis (premier contributeur historique aux émissions de gaz à effet de serre) ont mis 17,5 millions de dollars sur la table et le Japon 10 millions. L’Union européenne promet de son côté 225 millions d’euros, dont 100 millions abondés par l’Allemagne. De nouvelles annonces sont attendues lors du sommet des chefs d’État et de gouvernement, organisé les 1er et 2 décembre.

“Bien que ces fonds soient précieux (…), il est important de reconnaître que les coûts de la reconstruction suite aux effets dévastateurs des catastrophes climatiques s’élèvent à des centaines de milliards de dollars par an”, a réagi Harjeet Singh, responsable de la stratégie politique mondiale, au sein du Climate Action Network International. Reste aussi un “éléphant dans la pièce” comme le souligne Joseph Sikulu, directeur de 350.org Pacifique. “Sans un engagement à éliminer progressivement les combustibles fossiles, c’est un gouffre ouvert, plus de combustibles fossiles signifiant plus de pertes et de dégâts“, affirme-t-il.

Ce qui est certain, c’est qu’en ouvrant la COP28 sur ce sujet délicat des pertes et dommages, Sultan al-Jaber a joué un coup de poker gagnant. Ces annonces devraient en effet permettre de rétablir la confiance entre les pays développés et les pays en développement afin de pouvoir avancer sur le reste des sujets à l’ordre du jour.  

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *